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Par Max Guybert LYRON (Lecture: 1 mn)

La problématique de l’immédiateté chez l’haïtien est ancrée dans son histoire. Peut-être, faut-il en rechercher l’origine dans les pratiques du marronnage, la spontanéité des révoltes, sinon la rapidité que commandait la contestation de la servitude. Mais, aujourd’hui, si ce passage a été le gage du sacrifice de nos valeureux héros, nous devons oser être libres.

Le pari de cette réflexion est tout aussi osé, puisqu’il ambitionne de fustiger cette spontanéité ancrée dans nos pratiques, pourtant incompatible avec la gouvernance responsable. Il peut en effet être risqué de s’approcher autant de la vérité et des faits, surtout lorsque cette dernière nous éloignerait des faux problèmes dont nos sens se nourrissent depuis plus de 40 ans, et qui continuent d’alimenter aujourd’hui nos émotions, matières premières de l’immédiateté.

La suite de ma réflexion interpelle donc celles et ceux qui sont semblent être perdus. Elle postule un exercice d’équilibre, celui d’un questionnement réaliste. Parce que nous voulons être sincères dans cette quête de solutions, pour sortir du cadre des tergiversations stériles et dialogues interminables.

L’immédiateté dans le contexte politique actuel a pris la forme d’un déni, d’un refus volontaire du recul indispensable pour regarder au-delà des faits sensibles, comme l’insécurité, la corruption, ou le mutisme des détenteurs d’obligation. Elle réalise le procès d’une fixation sur un personnage, sur la conjoncture, ou sur l’espoir d’un salut à venir, paralysant ainsi notre capacité d’action.

Mais le refus de cette immédiateté est, à l’opposé, une prérogative de liberté, telle que nos Aïeux l’auraient souhaité. Ce refus peut se prévaloir dans la sérénité de questions fort simples, mais qui s’avèrent être les bonnes:

  • Que ferons-nous, si le premier ministre, pour une raison quelconque, quitte son poste demain matin ?
  • Les processus de dialogue jusqu’ici tentés se sont soldés par des échecs. Avons-nous questionné les vraies raisons de ces échecs ?
  • Comment convenons-nous de remplacer l’actuel gouvernement ?
  • Haïti, aura-t-elle une autre transition ?
  • Comment, stratégiquement et de manière endogène, allons-nous mitiger le phénomène de l’insécurité ?
  • Comment allons-nous préparer les élections ?
  • Dans l’éventualité incertaine des élections, qui vraisemblablement ne pourront se tenir avant au moins 2025, qui se portera candidat ?
  • Allons-nous réellement laisser passer cette opportunité de réussir par nous-mêmes et pour l’Histoire, la reconstruction du pays, sans ingérence ?

Les réponses à ces simples questions, ce ne sont pas tant l’objet de ma quête. Je souhaite davantage signifier aux haïtiennes et haïtiens libres que le nihilisme qui nous guette est bien plus dangereux que la crise actuelle elle-même. Un cul-de-sac à l’échelle d’un pays. Sommes-nous réellement une nation en plein déni existentiel, cheminant sans perspectives ? Un peuple qui préfère s’accrocher à l’ombre de la réalité. 

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